“MA vérité est LA vérité” – S’il y a un bien quelque chose qui me fascine, c’est l’énergie que nous pouvons déployer pour faire adhérer les autres à notre vérité. Notre vérité se construit sur notre expérience de vie, les conséquences de nos choix ou de notre absence de choix, sur notre éducation… Dans une discussion ou chacun se bat pour que l’autre soit convaincue de NOTRE bonne parole, nous perdons parfois de vue que la personne en face est aussi convaincue que nous!
Il y a quelques mois, j’écoutais une conversation entre deux mamans d’un premier bébé. L’une argumentant sur l’allaitement, l’autre sur le biberon . LE sujet classique qui alimente des débats effrénés. Chacun y mettait du sien pour convaincre l’autre : « c’est naturel, les femmes sont conçues pour allaiter et cela crée plus de lien » – « le lait artificiel est conçu pour, donner le sein fait vache à lait, le lien n’a rien à voir avec la façon dont on nourrit un bébé… »,
Chacun tentait de convaincre l’autre, de blesser l’autre et s’était mis sur la défensive, prenant la vérité de l’autre comme un jugement. Vous remarquerez qu’à aucun moment l’une des deux femmes n’a utilisé le « je » : « j’ai choisi » « j’ai besoin »…
Elles ont privilégié la troisième personne du singulier, mettant ainsi leur vérité à la même place qu’une vérité universelle : il ne pourrait pas en « être autrement ».
Or, leur histoire et leurs besoins n’étant pas les mêmes à cette étape de vie, leur vérité ne pouvait être que différente ! L’une avait préparé son projet d’allaitement et s’était entourée de façon à le réussir. Elle avait besoin d’être connectée par ce biais avec son bébé et avait surmonté des débuts difficiles. Elle avait besoin d’être encouragée dans cette voix, surtout pendant ces premiers mois où la fatigue était très présente. L’autre y avait pensé , mais lorsque son bébé est arrivé, elle ne s’est pas sentie à l’aise avec son corps et n’a pas voulu continuer. Très sollicitée par les sages femmes sur l’allaitement, elle ne s’est pas sentie soutenue dans son choix, ce qui a mis à mal sa confiance en elle. Elle avait besoin d’être encouragée.
Arrive cette vérité qui n’est pas la leur et qu’elle prenne comme un jugement
Aïe, le jugement celui qui bizarrement n’attaque que là où ça fait mal. Pourtant au départ, ce n’était qu’une vérité. Si elles avaient pu écouter l’autre, elles auraient découvert tous les points communs qui les unissaient. Elle avaient toutes deux un premier bébé, et leurs vouaient un amour inconditionnel, quelque soit la façon dont elles les nourrissaient. Elles faisaient leurs premiers choix de mère et avaient toutes deux besoins d’être soutenues et encouragées. Leur confiance en elle avait été ébranlée et elles cherchaient à se rassurer.
Accepter que l’autre ne pense pas comme nous, ne permet il pas d’avancer ? (thèse, antithèse, vous avez 1h XD)
Il n’y a plus de jugement lorsque nous écoutons la parole de l’autre comme étant sa vérité. Cela change tout pour l’autre mais surtout pour NOUS ! Ces deux mamans se sont quittées, tristes, en colère et gardant un goût amer sur ce sujet… Finalement personne n’a gagné quoique ce soit à cet échange. Cela aurait pu en être autrement :
- « j’allaite mon bébé, je me suis préparée mais les débuts ont étés compliqué. Ce choix est important pour moi parce que je ressens le besoin d’être connectée à mon bébé par ce biais . Ce n’est pas tous les jours évident mais je m’accroche »
- « je donne le biberon à mon bébé, j’ai essayé l’allaitement mais je ne me sentais pas à l’aise. Je n’ai pas souhaité continuer. J’avais besoin d’être bien dans mon corps pour créer du lien avec mon bébé. Je ne me suis pas sentie soutenue dans mon choix à la maternité. Mais je fais ce que je pense le mieux pour nous et cela se passe bien. »
Il est fort probable, qu’après ce simple échange, ces deux mamans se soient rendues compte de ce qui les unissait. Elles auraient surement plus souhaité se soutenir, que se juger. La vérité de l’autre est une histoire que l’on peut visiter sans pour autant y adhérer. Bien sûr, notre vérité change puisque nous continuons d’évoluer. Il en est de même pour les autres aussi ! Qui ne s’est jamais dit : « il y a X années je n’aurais jamais pensé ça ! ». Le fait même de visiter la vérité des autres peut nous faire changer d’avis.
Mais il est certains qu’en utilisant le TU qui TUE et en souhaitant à tout prix convaincre l’autre que sa vérité n’est pas la bonne, nous n’alimentons que de la rancœur et de la colère.
Je termine cet article en vous disant avec beaucoup d’humilité que ces mots expriment uniquement ma vérité et je me ferai un plaisir de lire la votre à ce sujet. Pour ça, n’hésitez pas à nous écrire sur le compte Instagram de l’Atelier Gigogne.
Je vous dis à très bientôt,
L’atelier gigogne