Vous avez sans doute déjà dû affronter la colère d’un enfant, qu’elle soit petite ou grande d’ailleurs. Il est énervé, excité, fatigué. Ce jour-là, il pleure beaucoup et est vite contrarié. Et si vous installiez un coin de retour au calme, un cocon dans lequel il pourrait s’apaiser. On vous explique pourquoi et comment créer un coin dédié à l’apaisement.
Le coin de retour au calme, qu’est-ce que c’est ?
Un espace dédié à l’apaisement des petites et grandes émotions.
Vous l’avez surement déjà lu, mais de très nombreuses études en neurosciences montrent à quel point le coin et l’isolement sont nocifs pour les enfants : déclenchement de stress, peur du rejet, perte de l’estime de soi, enfouissement des émotions et renforcement d’un lien « dominant/dominé ».
L’objectif d’un espace dédié au retour au calme est double : permettre à l’enfant de s’apaiser grâce et en présence de l’adulte et le faire grandir à chaque fois qu’il en sort. Car c’est là un des chevaux de bataille de l’Atelier Gigogne : amener des solutions concrètes pour faire évoluer les enfants en toute bienveillance !
Comment c’était avant la création de cet espace dédié au calme ?
Chez nous, le coin de retour au calme est devenu un indispensable.
Comme beaucoup de parent, lorsqu’une bêtise était faite ou que mon ainée se mettait à hurler sans que je comprenne pourquoi, je la punissais et l’installais dans un coin, espérant sincèrement qu’en faisant ainsi, elle ne recommencerait pas.
Les situations se terminaient toujours de la même façon… ma fille hurlait encore plus, et seul son état d’épuisement faisait cesser ses sanglots… Lorsque la crise était passée, je me mettais à sa hauteur, la réprimandais en lui expliquant que ce n’était pas bien ce qu’elle avait fait et lui demandait pourquoi elle s’était mise dans cet état (oui… pas terrible comme explication…). Ce à quoi elle répondait entre deux reniflements « je ne sais pas » (et c’était vrai… elle ne savait pas …). Résultat, ni elle ni moi ne nous sentions bien et je n’avais pas du tout l’impression qu’elle avait compris quelque chose…
En effet, jusqu’à 6, voire 7 ans, le cerveau de l’enfant ne peut pas gérer les émotions… Encore fallait-il le savoir et ce n’est qu’en m’intéressant de plus près aux neurosciences que j’ai pu en prendre connaissance. Je vous invite à lire, si ce n’est déjà fait, Pour une enfance heureuse de Catherine Gueguen, que je trouve complet sur le sujet.
Après moult recherches, je me suis intéressée de plus prêt à l’accueil empathique des émotions et au coin de retour au calme. C’est ainsi que ces deux formidables outils se sont invités dans notre foyer et qu’ils ne nous ont plus quittés !
Comment mettre en place ce coin de retour au calme ?
Le concevoir ensemble
Afin de répondre aux besoins de se calmer les nerfs et apaiser l’ambiance tendue de la maison :
- Nous avons organisé un petit « briefing » (les prémices du conseil de famille ! hihi !) et décidé ce que l’on attendait de cet endroit :
- À choisir ensemble
- Non passant, mais pas complètement isolé
- Apaisant
- Douillet
- Rassurant
- Instructif
- Constructif
- Après avoir établi une liste de nombreux objets que ce petit endroit pourrait contenir, mon ainée a choisi ce qu’elle aimerait y trouver :
- Apaisant : poste musique ; bouteille de retour au calme, bons de colère, supports visuels, carnet de dessin;
- Douillet : coussin, couverture, doudou attitré à l’endroit
- Rassurant : photo de famille, y aller avec maman et papa (définitivement, j’ai banni l’isolement, mais j’ai négocié la présence de papa OU de maman)
- Instructif et Constructif : cartes « émotions » et cartes « réparations ».
Lorsque je lui ai proposé ces cartes, nous n’avions pas encore abordé les émotions et solutions ensemble. Ce fut donc l’occasion de bien expliquer ce en quoi cela consistait. Je dirais qu’elle n’avait pas encore vraiment bien compris (elle avait 3 ans) mais elle a dit oui (les enfants sont formidables !).
L’aménager ensemble et expliquer son fonctionnement
- Nous avons donc choisi ensemble ce petit endroit privilégié et l’avons aménagé avec les outils qu’elle avait choisis, puis nous avons pris le temps d’en discuter :
« à partir de maintenant papa et maman ne te mettront plus au coin toute seule. Lorsque tu seras en colère, que tu auras envie de crier, de t’énerver, de taper des pieds, c’est à cet endroit et avec ces outils que tu pourras te calmer. Nous serons là si tu en as envie. Quand tu te seras calmée, nous pourrons discuter, car j’ai très envie de comprendre ce que tu as ressenti et je suis certaine que nous trouverons une solution. »
Je ne me souviens pas avoir parlé de réparation à ce moment. Je dirais que cette notion est arrivée très naturellement lors de bêtises qui ont eues lieu par la suite. C’est finalement plus simple pour les enfants, car ils ne sont pas aussi conditionnés que les adultes. Ce fut un grand moment pour nous : celui du changement.
Nous avons mis en place cette façon de fonctionner : apaiser, identifier les émotions, réparer et nous avons rapidement vu le climat familial s’apaiser.
- Bien sûr, nous ne l’utilisons pas uniquement pour des moments compliqués, nous profitons parfois d’un petit temps privilégié pour pouvoir simplement discuter.
L’avantage de cet endroit, c’est qu’en plus de créer un lien de confiance, il permet aussi de renforcer la complicité. Et en parlant de confiance et de complicité, il m’est arrivé de nombreuses fois d’aller y faire un tour aussi. Le fait de me voir faire ce que je lui proposais l’a beaucoup encouragée.
Trucs et astuces pour créer un coin de retour au calme efficace
Vous avez envie d’installer un petit coin de retour au calme ?
Quelques astuces pour l’adapter à votre foyer
- Savoir en tant que parent ce que l’on attend de ce coin de retour au calme : lieu d’apaisement, d’apprentissage, de responsabilisation… ?
- Expliquer à son enfant à quoi il va servir : Quels sont les moments où l’on peut y venir ? Qu’est-ce que cela va lui apporter ? Qu’est-ce qui va s’y passer ?
- Proposer à son enfant des objets adaptés et le laissez choisir ce qu’il souhaite pour qu’il s’approprie les lieux et se sente décisionnaire (pourquoi pas en proposer de nouveaux au fur et à mesure du temps)
- Installer ensemble le coin de retour au calme et décrire avec son enfant chaque objet : À quoi sert-il ? Comment l’utilise-t-on et pourquoi ?
- Montrez l’exemple en y allant soi-même de temps en temps : lors d’une contrariété, on peut se diriger vers le coin de retour au calme et utiliser les outils
- Faire de cet endroit un lieu privilégié, celui ou les conflits se terminent, les chagrins s’envolent, les secrets se chuchotent…
Se laisser le temps de l’adopter
Nul besoin de préciser que cela n’a pas été parfait du premier coup. Il y a eu les moments où :
- « Je n’avais pas envie d’écouter » ;
- « Nous n’avions pas le temps » ;
- « Certaines situations me renvoyaient à des émotions que je ne savais pas gérer » ;
- “Les émotions de mon enfant étaient tellement intenses que plus rien ne suffisait ».
J’en profite pour démystifier le règne du parent parfait… et encourager le parent culpabilisé. Ce n’est pas parce que l’on ne réussit pas à chaque fois que nous sommes de mauvais parents… L’avantage d’être papa ou maman, c’est que l’on apprend beaucoup sur soi en élevant nos enfants.
Mais ce qui est certain, c’est que cette façon de fonctionner a totalement changé notre quotidien et le comportement de notre fille. Ce petit coin de retour au calme nous a lancés dans un cercle vertueux. J’espère que ce témoignage et ces petites astuces vous auront éclairés pour les non habitués au coin de retour au calme.
N’hésitez pas à nous envoyer des photos de votre petit endroit à vous et à nous faire partager votre expérience sur Instagram par exemple en nous mentionnant !
À bientôt
L’atelier gigogne