- “Allo Élisa ? Salut ça va ? Écoute, j’ai un article à écrire sur la différence d’éducation entre les filles et les garçons et comme toi, tu as une fille et 3 gars, ton avis m’intéresse ! T’en penses quoi ? Tu fais des différences dans l’éducation que tu leur donnes ou pas ?”
- “Ah bah non, je crois pas… J’ai l’impression que je les élève de la même façon ! Je m’adapte à leurs personnalités, à leurs caractères, à leurs envies, mais à leur genre, je crois pas non.”
- “T’es sûre ?”
Des différences éducatives pas toujours conscientes
Pour éduquer nos enfants au quotidien, nous avons tous des valeurs et des principes que l’on considère comme intangibles. Par exemple : le respect, la politesse, la pudeur, l’autonomie… Mais pour le reste, en creusant un peu la question, on s’est rendu compte avec ma copine Élisa, que nous nous comportions parfois de manière différente selon si on a une fille ou un garçon.
- “C’est vrai que quand j’y pense, je ne suis pas sûre de choisir les mêmes jeux ou la même histoire du soir à Lola ou à Raphaël.”
- “Ah bah moi personnellement, avec mes deux garçons, je pense que je fais super attention ! Je n’ai même pas voulu connaître le sexe de mes enfants pendant mes deux grossesses. Je voulais justement leur épargner des stéréotypes de genre avant même leurs naissances. Tu remarqueras que chez moi, il y a une poupée, de la dinette, une poussette rose, des livres avec des héroïnes… Mais il y a aussi des voitures, des camions de pompiers, des dinosaures, etc. Bref, tout ce qui peut être considéré comme des jeux genrés. Je te dis ça, mais ma copine Lucia a fait pareil et sa fille de 5 ans réclame de mettre des robes à paillettes tous les jours !”
Et oui, même si les enfants sont élevés sans différence à la maison, c’est généralement au moment de rentrer à l’école que naissent les stéréotypes de genre et sociaux.
“Ha oui, totalement ! souligne Élisa. On n’a vraiment pas la totale maîtrise des facteurs extérieurs qui parfois sont plus forts que nous qui essayons d’être dans la justesse.”
Force est de constater que depuis que mon grand va à l’école, il joue au pistolet et s’amuse à la récré uniquement avec des garçons. Parfois, il peut avoir des propos sexistes qu’il n’a jamais entendus à la maison, du genre : “Papa et moi, on va jouer au foot et toi maman tu vas nous regarder parce que le foot, c’est pas pour les filles !”
Quelles sont les conséquences d’une éducation trop stéréotypée ?
Durant des siècles, l’éducation des filles et des garçons a été tellement différente que le fossé des genres s’est creusé. Aujourd’hui encore, les filles sont considérées comme calmes et studieuses et les garçons turbulents et sportifs.
Le problème, c’est que ces comportements éducatifs ont finalement un impact sur nos enfants, qu’ils soient filles ou garçons ! De manière générale, ils ont moins confiance en eux, manquent de respect mutuel et choisissent des orientations scolaires qui finalement ne leur conviennent peut-être pas. Une fois adultes, ils subissent des discriminations dans différents domaines.
Le constat est là : les femmes françaises sont minoritaires dans des postes de pouvoir au sein des entreprises ou en politique. Et elles occupent seulement un tiers des postes dans le domaine scientifique. De plus, les garçons pâtissent eux aussi des représentations sexistes. Vous savez bien, on demande aux hommes d’être sûr d’eux, solides, pas trop sensibles et de ne pas pleurer !
Or les neurobiologistes sont formels : il n’y a pas de différence entre l’anatomie du cerveau d’une fille et d’un garçon, en dehors des fonctions physiologiques de la reproduction. Les différences filles-garçons sont donc acquises, pas innées.
Comment faire pour dépasser une éducation genrée ?
Conscientiser nos schémas de pensée sur les filles et les garçons peut nous permettre de prendre conscience des éventuelles disparités que nous faisons avec nos enfants.
Voici quelques pistes que nous pouvons développer pour avoir des pratiques éducatives plus égalitaires :
- Réfléchir à nos propres croyances. Puis nous poser simplement la question : “Est-ce que je fais des différences entre mes enfants s’ils sont fille(s) ou garçon(s) ?”
- Faire attention à nos propos et bannir toutes ces petites phrases qui peuvent paraître insignifiantes. Comme par exemple : “Arrête, les garçons ne pleurent pas.” “Ne mets pas ça, on dirait un garçon manqué…”
- Essayer de donner accès aux mêmes activités et aux mêmes jeux à tous les enfants.
- Choisir des livres et des histoires pour tous et pourquoi pas des albums jeunesses qui portent sur l’égalité entre les filles et garçons (comme le superbe livre Fille Garçon de Hélène Druvert.)
- Discuter avec son enfant de situations discriminatoires pour lui faire comprendre les préjugés et le préparer à les affronter.
- Éviter de comparer nos enfants (de manière générale), mais surtout pas rapport à leur genre. Par exemple : “Tu es plus douce que ton frère ou tu es plus courageux que ta soeur.”
- Fixer les mêmes règles pour les filles et les garçons au sein de la famille, sans distinction. Vous pouvez notamment en parler pendant un conseil de famille.
- Montrer l’exemple à travers nos comportements en montrant qu’aucun parent n’a une tâche spécifique. La cuisine n’est pas réservée à maman, le bricolage à papa, etc. Ça peut vous paraître cliché, moi aussi. Mais pourtant quand j’y pense, je me rends compte que nous vivons quelques contradictions.
Attention, ne vous mettez pas une pression supplémentaire sur vos épaules de parents ! L’important n’est pas de donner une éducation qui sera parfaitement non genrée. L’important, je crois, c’est de permettre à nos enfants de s’épanouir et développer leur personnalité, sans être enfermés dans les stéréotypes sexistes.
Mathilde - Plume d’or de la team Gigogne
Malgré sa formation d’éducatrice de jeunes enfants, elle aussi galère à élever les siens au quotidien ! Mathilde écrit pour proposer modestement quelques astuces aux parents et leur donner confiance en leur parentalité. Passionnée par les livres pour enfants, la gastronomie (pas pour cuisiner, plutôt pour la manger), mais véritable quiche en organisation, elle est accro aux produits de l’Atelier Gigogne et aux jeux de mots !