Identifier ses émotions dès 3 ans, avant, pendant et après la tempête
Alors à quoi cela peut-il bien servir ? À vivre mieux pour commencer.
Le cerveau humain atteint sa maturité vers l’âge de 25 ans. Vers 3 ans, nos enfants ont un cerveau si immature, qu’ils sont incapables de gérer leurs émotions. (je vous invite à lire le livre de Catherine Gueguen : pour une enfance heureuse).
Les émotions sont de formidables dons, elles nous informent, nous protègent, elles nous alertent ou nous font vibrer. Savoir les identifier nous permet de mieux surmonter le stress et les épreuves, de vivre encore plus pleinement les merveilleux moments.
Lorsque nous savons écouter réellement ce qui se passe en nous, nous savons oser ou au contraire nous protéger. Il en est de même avec nos enfants qui évoluent dans une société leur demandant beaucoup et tout le temps.
Identifier ses émotions, c’est aussi être capable de comprendre celles des autres. C’est un excellent moyen de développer l’empathie et de s’adapter à la vie sociale dont nous faisons partie, sans nier ce que nous ressentons et sans négliger ce que ressentent les autres. Savoir vivre ensemble est indispensable pour s’épanouir. Il est important de les accompagner dans cet apprentissage.
« C’est bien tout ça, hein ! Mais comment on fait ? »
Commençons par apprendre à notre enfant à identifier ses émotions AVANT qu’une tempête pointe le bout de son nez.
Première astuce qui fonctionne plutôt bien : JE VOIS, JE SENS, JE FAIS
Pour ce faire, il suffit d’avoir un support avec une personne ou un personnage vivant des émotions et de le décrire selon « je vois, je sens, je fais » N’hésitez pas à l’interroger sur ce que lui ressent et l’inclure pleinement.
Quand les enfants ont environ 3-4 ans, n’hésitez pas à découper cet apprentissage en plusieurs moments distincts (1 émotion=10 minutes) car la capacité de concentration des plus petits est courte.
Prenons par exemple Augustin en colère.
- JE VOIS : va être l’aspect physique : les yeux, la mâchoire, la position…
- Quand Augustin est en colère…
- Il a les yeux …. fermé, plissé, les sourcils qui se tordent à l’intérieur
- Il a la mâchoire… serré, le nez retroussé
- Il a les poings… serré, fermé, en l’air
“Et toi ? Comment sont ton visage et ton corps quand tu es en colère ?”
- JE SENS : va concerner ce qui se passe à l’intérieur, le ressenti : les tensions ; les douleurs …
- Quand Augustin est en colère…
- Il a les joues … qui deviennent rouge à cause de la chaleur qui lui monte au visage
- Il a le ventre … qui se tortille à l’intérieur
- Il a les muscles …tout tendus
“Et toi ? Comment tu te sens à l’intérieur quand tu es en colère ?”
Il est possible que notre enfant est beaucoup de mal à répondre aux questions que nous lui posons les premières fois car il ne s’est pas posé la question avant. Je me suis posée ces question la première fois, j’avais 28 ans… Instinctivement nous analysons l’attitude des gens en grandissant, mais pas forcément nos ressentis. Pour nos petits c’est la même chose. Plus nous les instruisons, plus ils se connaitront.
- JE FAIS : est le comportement que je vais adopter en réaction face à cette émotion : sauter, crier…
- Quand Augustin est en colère…
- Il … tape des pattes, veut un câlin pour se calmer
- il … utilise une bouteille de retour au calme ou un carnet à gribouiller
- il … cherche une solution pour que ce soit terminé
“Et toi ? Qu’est-ce qui te fais du bien pour te calmer ?”
Il est aussi très important de souligner la différence entre émotion et comportement engendré par l’émotions. Si toutes les émotions sont légitimes, ce n’est par contre pas le cas des comportements.
Je reprends mon exemple d’Augustin.
- ” Un jour Augustin était très en colère, il avait les poings serrés et il a fini par jeter le verre par terre.
- Pour toi, c’était quoi son émotion ?… (ex : colère..)
- Et qu’est-ce qu’il a fait à cause de cette émotion ?… (ex :poings serré, verre par terre…)
- Qu’est ce que tu en pense ?… ( ex : il était très fâché il a tapé des pieds et il faut pas faire tomber les fruits)
- Je suis d’accord avec toi
- Est-ce qu’il peut être en colère ? oui Je suis d’accord, nous pouvons tous être en colère
- Est-ce que c’est le bon comportement ?… (ex : non on casse pas les verres…)
- Qu’est-ce qu’il peut faire maintenant?… (ex : il peut ramasser avec une pelle )”
Laisser les enfants réfléchir développe leur esprit logique et leur permet d’avoir les ressources pour mieux vivre leurs émotions. Cela peut être un bon moment pour rebondir sur les comportements qui nous semblent appropriés et ce que nous ne pouvons accepter.
Un jour où ma fille explosait littéralement, j’ai réagi de manière totalement disproportionnée au fait qu’elle avait bazardé toute sa chambre au sol. J’ai réalisé à ce moment-là, qu’auparavant, je n’avais jamais pris le temps de discuter de ce qui pouvait se passer pendant une tempête, ni quels comportements nous ne pouvions accepter. C’est d’ailleurs cette démarche qui amène souvent à réfléchir à ce que l’on met en place ensemble lors de ces tempêtes émotionnelles. « qu’est-ce que je peux accepter, qu’est-ce qui n’est pas possible pour moi ».
Bref, je m’éloigne du sujet. Les comportements, conséquences et réparations feront l’objet d’un autre article. Un point qui peut être intéressant à aborder : le fait de généralement vivre plusieurs émotions.
Deuxième astuce : elle peut être utile pour apprendre qu’il n’y a que rarement une seule émotion à la fois.
C’est une prise de conscience très importante car nous sommes souvent persuadés que notre enfant est en colère, alors que sous cette colère se cachent des émotions toutes autres qui ont besoin d’être exprimées (la peur, la tristesse, la honte…) Avec l’éventail d’Augustin (ou le support que vous utilisez) vous pouvez aborder avec votre enfant une situation récente où il n’a su citer qu’une émotion et lui demander s’il a ressenti autre chose ? « Hier, tu étais très en colère du fait de… Est-ce que tu peux me montrer sur l’éventail si tu as ressenti d’autres émotions à ce moment ? »
Cela lui permet de prendre conscience de toutes les émotions qu’il vit en même temps. C’est un très bon exemple à lui citer . Rien de plus parlant que sa propre expérience. Identifier les émotions passe par une phase essentielle d’apprentissage. Celle-ci a lieu à un moment calme, un moment où l’enfant est réceptif et reposé.
Pendant la tempête, comment identifier ces émotions ?
Eh bien, on ne le fait pas… Pour deux raisons (non exhaustives) :
- Notre enfant est submergé par les émotions qu’il vit. Il n’est plus du tout en capacité d’analyser et c’est tout à fait normal, c’est physiologique.
- Même si nous imaginons connaitre les émotions de nos enfants, en réalité, eux seuls les connaissent et là… c’est pas le moment XD
Et après ?
Après, c’est le retour au calme. Ce qui est formidable, c’est que tout ce qu’il vient de vivre lui sert d’expérience (et à nous aussi). Si les tensions sont bien descendues, vient le moment de l’échange. Il va permettre de l’aider et de nous aider à comprendre ce qui s’est passé pour lui.
- « Est-ce que tu peux me montrer comment tu t’es senti ?
- Ah oui, tu étais en colère ?
- Est-ce que tu as ressenti autre chose ?
- Tu étais jaloux… oui je vois que cela t’a beaucoup affecté »
Plus nos enfants grandissent, plus cet apprentissage est bénéfique.
Notre foyer est l’endroit où nos enfants déchargent le plus et le plus souvent. C’est à cet endroit même que les changements sont donc le plus visibles au fur et à mesure que l’enfant grandit et apprend à exprimer ce qu’il ressent. C’est un travail de longue haleine, qui prend du temps (et beaucoup d’énergie). Bien souvent, notre envie d’éveiller et d’offrir le meilleur pour nos enfants nous amène à évoluer et prendre conscience de nos propres difficultés à identifier ce que nous ressentons.
N’est-ce pas une formidable opportunité d’avancer avec eux ?
Je vous souhaite beaucoup de beaux moments d’échange dans l’accompagnement de vos enfants. J’espère que ce partage d’astuces vous auras plu. N’hésitez pas à partager les vôtres sur notre compte Instagram, vous le savez, j’adore ça !
À bientôt
L’atelier gigogne