Avant d’aborder nos 10 astuces pour mettre en place un cadre bienveillant chez soi, je vous propose une petite introduction pour remettre le cadre dans son contexte.
Poser un cadre bienveillant en éducation
Un cadre bienveillant, c’est quoi ?
C’est l’ensemble des règles applicables à toute la famille, règles qui permettent de vivre ensemble sereinement. Les parents définissent le cadre, pour ce qui est des grandes lignes. Les enfants l’investissent afin d’être écoutés et pris en compte.
Pourquoi établir un cadre bienveillant ?
- En premier lieu par mesure de sécurité : que ce soit pour des raisons physiologiques (maturité du cerveau) ou d’inexpérience, l’appréhension du danger lorsque l’on est enfant ou adulte n’est pas la même… (routes ; eau chaude ; plaques de gaz, etc.)
- Permettre aux enfants de s’investir dans la vie de famille, de se sentir écoutés et valorisés : pas de rapport dominant/ dominé ;
- Permettre aux enfants de grandir en se sentant sereins ! Tout comme les adultes, avec le code de la route : circuler sans, serait aussi anxiogène et dangereux que marcher au bord d’une falaise les yeux bandés – « qui passe ; qui ralentit ; qui s’arrête, etc. ». C’est exactement pareil pour les enfants.
- Apprendre aux enfants à vivre ensemble : c’est donner à un enfant les moyens de s’intégrer dans la vie sociale tout en sachant s’adapter aux situations plaisantes ou déplaisantes avec bienveillance, sans égocentrisme : « dire bonjour ; demander poliment ; laisser sa place à une personne enceinte ou âgée dans le bus ; remercier lorsqu’une voiture s’arrête pour nous laisser traverser … ».
- Leur apprendre à gérer la frustration : dans un foyer comme dans une école, un club de sport ou une entreprise, des règles sont mises en place pour que la cohabitation se passe au mieux pour tous. Elles ne conviennent pas forcément à tout le monde, mais apprendre à un enfant à accepter et gérer cette frustration est un énorme cadeau pour son avenir !
Mettre en place un cadre clair et bienveillant : nos 10 astuces
1. Anticiper et accorder les violons sans les enfants
En discuter en couple si l’on est en couple ou prendre le temps de faire un point seul pour bien réfléchir au cadre que l’on souhaite mettre en place, avant d’en parler avec les enfants.
En couple, chacun n’aura pas le même point de vue. Il est primordial que les enfants aient le même son de cloche. On ne peut pas demander à des enfants de respecter des règles sur lesquelles les parents sont en désaccord. Ils n’y comprendront rien.
Cela nécessite de la préparation, mais il est certain que c’est du temps de qualité gagné après.
2. Choisir un thème à la fois et le traiter dans sa globalité
Trop d’informations, tuent l’information et les enfants ne peuvent pas tout assimiler en même temps.
Chaque thème est traité dans son ensemble de manière à ce qu’une fois le sujet clos, il n’y ait plus besoin de revenir dessus tous les jours. Si vous choisissez de parler des repas, n’hésitez pas à faire le tour du sujet : qu’est-ce qu’on y fait ; la préparation ; la mise des couverts ; le déroulé ; les sorties de table, etc. Parlez de tout en restant bien ciblé sur le thème et choisissez un autre jour pour un autre thème (le coucher ; les sorties…).
3. Structurer la façon d’établir le cadre
À chacun ses supports, en voici un assez efficace pour préparer ses règles. Je vous invite à l’utiliser avant d’être avec les enfants s’ils sont petits et avec, au-delà de 5-6 ans : les plus grands auront sûrement pleins d’idées à proposer !
Le POUR QUI – POURQUOI – VALEURS – COMMENT
- POUR QUI : à qui s’adresse ce moment, cette tâche, cette action ?
- POURQUOI : à quoi sert ce moment, cette tâche, cette action ?
- VALEURS : quelles valeurs vais-je transmettre à travers ce thème ?
- COMMENT : Comment allons-nous le mettre en place en étant cohérent ?
4. Expliquer clairement le cadre, le pourquoi et comment à son enfant
Les enfants doivent lire (ou écouter), expliquer et comprendre chaque règle.
Le fait que les décisions soient logiques aidera votre enfant à comprendre les règles. Il se sentira beaucoup plus investi. Pour les plus petits, le support papier leur permet de se faire relire les règles de temps en temps (détail non négligeable ^^).
5. Être ferme et clair avec ce qui est négociable et ce qui ne l’est pas
« Pourquoi cette règle est si importante pour moi ? Est-ce que j’envisagerais qu’elle soit négociée ou pas ? »
Si pour vous, il est inconcevable de ne pas manger ensemble à table, car c’est contraire à vos valeurs, faites-en une règle non négociable.
Si en revanche la place à table ne représente pas un sujet capital, laissez vos enfants choisir lorsqu’ils en ont envie. Tout est une question de dosage et l’essentiel est de se poser les bonnes questions pour obtenir un cadre de vie propre à VOS VALEURS, VOTRE FAMILLE et dans lequel TOUT LE MONDE s’épanouit.
6. Laisser le choix aux enfants et les amener à réfléchir et non obéir
L’objectif d’un cadre bienveillant est de laisser les enfants investir les règles de la maison et de sortir de l’autoritarisme.
Les investir dans la vie de famille leur permet de faire appel à leur créativité, leur sens de la coopération :
Le parent : « le soir, il y a souvent des jeux qui trainent partout. J’ai besoin que la maison soit rangée alors je me retrouve à ranger les jouets. Que pensez-vous du fait que je doive ranger seule ce que je n’ai pas sorti ? Est-ce que vous auriez une solution à me proposer ? »
C’est une excellente façon de faire appel à leur intelligence. Soyez-en sûr, ils sont pleins de ressources. Un point très important : utiliser le JE
JE me sens ; J’AI BESOIN—-> pas de “TU” qui TUE
7. Énumérer clairement les conséquences logiques ou naturelles qui pourraient arriver à chacun si les règles n’étaient pas respectées
J’exclus toute sorte de punitions qui n’auraient aucun lien de cause à effet : « il ne veut pas manger, je le punis dans un coin » ; « Il n’aime pas, je lui mets dans la bouche… », etc.
En revanche, si la règle est : « les sorties de table sont autorisées pour chercher des plats, aller au WC ou si l’on a fini de manger. Si quelqu’un sort de table pour jouer, c’est qu’il a terminé de manger. »
Votre enfant décide de partir jouer en plein repas : « Es-tu sorti de table pour aller aux WC ou récupérer un plat ? Quelle est la règle que nous avons décidé ensemble? (rappel de la règle) Alors, tu as fini de manger ».
Le cadre est clair, la réponse est ferme et la conséquence est logique et sans surprise (nul besoin de punir, humilier, etc.)
8. Être cohérent et crédible dans ses règles
La différence entre être craint et être respecté se joue sur l’exemplarité et le temps.
Ainsi, si les écrans sont interdits pour tous pendant le repas et que le parent répond au téléphone à table, il n’y a plus ni crédibilité, ni cohérence. Cela suscitera un sentiment d’injustice et d’incompréhension pour l’enfant. Impossible alors de lui apprendre ce qui est juste ou ce qui ne l’est pas.
9. Mettre des astérisques *** !
La routine du soir ne peut pas être la même si vous faites la fête un samedi soir et c’est tant mieux ! Il en est de même pour beaucoup d’autres règles.
Reprenons l’exemple du repas : afin de pouvoir mettre en place des repas différents, vous pouvez établir les exceptions à la règle avec un astérisque. Elles sont exceptionnelles et font du bien à tout le monde ! « Les repas se passent à table et sans écran (*sauf lorsque l’on se fait une soirée plateau télé-dessin animé etc. ) »
Ces exceptions doivent marquer des temps particuliers et ne pas être récurrents sinon votre enfant ne comprendra plus rien.
10. Organisez des conseils de famille
Mettez-en place un « conseil de famille », dont la durée ne dépasse pas 20-25 minutes et évoquez ce sujet autours d’un apéro ou d’un café/goûter.
Faites de ce temps en famille, un moment convivial afin que toutes les conditions soient réunies pour que « règles de la maison » riment avec « coopération » et non « soumission »
Pour résumer cet article, un cadre clair et bienveillant permettra à tout le monde de s’accorder sur les règles de la maison et de vivre plus harmonieusement.
Pour le mettre en place de façon simple et efficace, il nécessitera un peu de temps et d’investissement personnel au démarrage. Mais ce n’est que pour mieux vivre les moments en famille après !
L’atelier gigogne